vendredi 24 janvier 2014

Danse...

Et elle danse pour celui qu’elle aime. Elle y perd toute sa tristesse et les larmes dans ses yeux. Son corps se relâche. Dans la musique, elle nage. Elle vole, bouge, saute. Elle donne au monde la beauté de ses gestes, l’énergie qui la détruit. Elle voit guérir ses pupilles rougies. Elle est légère, belle et aérienne. Des mouvements précis, fins, conduits par une subtile magie qu’elle-même ne peut pas connaître. Elle lance ses bras dans l’air mélodieux, court, tournoie. Elle laisse partir tout ce qui la raccroche au monde, ce qui l’ancre dans la réalité. Elle est libre, plus rien d’autre n’existe que son corps amaigri qui tournoie et le reflet en mouvement que le miroir renvoie. Pendant des heures, elle danse. Par la fenêtre de la salle, la lune pénètre jusqu’à elle, succédant au soleil dont les rayons se sont perdus dans la nuit.

Les étoiles l’observent suspendues dans le ciel. Elles retiennent leur souffle, admiratives, fascinées. Et elles sourient. La musique devient douce, elle glisse dans l’air chaud, sans bruit, sur le parquet qui craque. De l’énergie, elle en a encore. Toute cette force qui enserre ses pensées dans un étau doré, elle parvient à la délivrer. Elle la jette hors de son corps en dansant plus vite et plus haut encore.

Et maintenant tous les papillons de tristesse ce sont envolés. Transformés, la joie les a remplacés. Tous ses membres vibrent au son d’une douce sensation. Un picotement qui court le long de son dos, sur ses bras, dans son ventre. Des étincelles de bonheur qui la brûlent de l’intérieur. Elle a perdu pied, et maintenant, elle sourit. Son visage s’éclaire, mettant en valeur ses traits si jolis. Elle est belle, et plus encore quand elle rit. Ses dents blanches voient le monde pour la première fois depuis longtemps. Enfermées depuis tant de temps, elles peuvent enfin irradier et illuminer son doux visage.

Voilà venu le moment de la fin. Elle a réussi et n’attend plus rien. Ses peurs se sont envolées. Elle est sereine, calme et heureuse. D’un geste du doigt, elle éteint la radio qui se tait aussitôt. Elle ferme la porte, tourne la clé qui tinte dans la serrure et sort arpenter les rues d’une ville qui depuis longtemps n’existait plus. Tout est beau et paisible. Les feuilles des arbres frémissent dans la brise chaude. Le long des rues, comme les milliers d’ampoules d’une guirlande lumineuse, les réverbères tranchent la nuit sombre. Dans sa tête les papillons volent encore. Et sur ses lèvres, ce sourire qui ne s’effacera plus.

Plus tard, son lit la bercera sereinement. Les draps n’auront plus le goût d’un amour perdu. Les parfums enivrants qui l’arrachaient à ses rêves auront disparu. Et pour la première fois depuis de longs mois, elle s’endormira en paix, ne laissant danser dans sa tête que le bruit de ses rêves.

vendredi 17 janvier 2014

Demain?

Des gouttes de douleur embuent un regard triste comme le fond des océans. Elle est belle, belle pour un miroir qui ne lui renvoie qu’un visage mouillé de larmes dures. Belle et seule, unique et isolée. Inestimable et abandonnée de tous, négligée par d’autres encore, elle pleure chaque soir des larmes que personne ne pourras entendre.
Inlassable solitude qui lui colle à la peau, l’enferme, la soumet à un quotidien dont la flamme ne brille plus au loin. Un vide affreux qui cache à son regard profond toutes les promesses d’avenir. Et pourtant au fond d’elle résonne toujours cette voix comme une sentence, une tendre sentence ; tout ira mieux demain.

Et demain, c’est cet oiseau effrayé qui s’envole aujourd’hui, dispersant la magie de ses couleurs dans la nuit. Demain, c’est une promesse de bonheur éternellement reconduite. Demain est une illusion, pour elle il n’y a que des aujourd’hui, tous plus brumeux et plus gris. Pour elle il n’y a que le vent qui danse dans la pluie, le silence qui hurle à ses oreilles et la morsure de la solitude dans son cou.

samedi 11 janvier 2014

Au Bord Des Routes

Et je les écoutais, assis au bord des routes, les étoiles qui criaient, les astres qui dansaient. Et la vaste lumière d’un soir d’été m’a bercé. Je l’ai aimée, et j’ai roulé dans la poussière. Son corps sur le mien, et sur ma peau, ses mains. Sa bouche qui me caresse, la nuit a fait d’elle ma maîtresse. Enchaîné à ses sens, je balance. Elle me nuit, me sourit. Elle est belle dans le jour tombant. Elle est belle, un sourire accroché aux lèvres. Si mystérieuse, désirable. Si noble sous sa couronne blonde, elle joue. Elle m’attrape, je résiste. Je la veux, elle s’en va. Reviens ! Perle de mes nuits. Reviens ! Sourire de mon cœur.

Encore un baiser, et ses vêtements qui glissent sur sa peau brune. Lentement. Le froissement de la jupe, le cri des boutons. Le chemisier cède, elle est à moi. Dans mes bras, fée de mon âme ! Plus près, encore plus près, je te veux toi, et nous, soudés, pour toujours. Sous mes caresses glisse sa douceur. Dans nos cœurs, une étrange ferveur. Nos corps ont chaud, ils ont faim. Dans mes bras, elle gémit. Elle sourit.

Et les oiseaux qui passent rient. Ils nous voient, ils chuchotent. Quelques mots puis ils s’en vont. Seuls au milieu de tout, nous nous aimons sans arrêt, mon corps dans le sien et ses poings dans mes mains. Unies, nos formes s’emboîtent. Elle vibre, je l’aime. Elle rit, j’attrape ses lèvres de ma bouche.

Puis elle s’envole, elle frémit. Je la suis, la chaleur nous emporte. Couchés côte à côte, la nuit nous berce. Sur la fraîcheur des chemins, elle dans mes bras et moi dans les siens, souriant aux anges, enveloppés de notre amour, la lune nous veille dans le ciel gris.

jeudi 9 janvier 2014

Partir

Partir, c’était couper la tige cassée pour donner au bouton une chance de s’ouvrir. Souffrir plus encore pour enfin oser croire en l’avenir.

Ses pas résonnèrent dans le couloir de l’immeuble, une dernière fois. Elle se retourna pour regarder la porte de l’appartement, cette porte désormais fermée sur son enfance, sur son passé, sur cet avant dont elle voulait se débarrasser, une dernière fois. Elle dévala les escaliers de pierre grise, une dernière fois.

Le taxi l’attendait dans la rue calme, dans la rue enveloppée de silence, dans la rue où il n’y avait rien ni personne. Sur la route, le chauffeur et elle n’échangèrent pas une parole. Il avait appris à se taire au fil des jours et des clients peu bavards. Elle profitait de ce silence pour faire défiler tous les souvenirs qui la rattachaient à cette ville qu’elle n’avait jamais quittée. Les joies, les peines. La peur, la haine. Les revoir tous une dernière fois, puis les oublier. Pour tout recommencer.

mardi 7 janvier 2014

Le Bal Des Flocons

Le monde appartient à ceux qui se lèvent tôt, et la blancheur infinie qu’elle parsème de ses pas légers confirme les dires des anciens.

Sous ses pieds s’étend un tapis aux reflets d‘ivoire, immaculé, encore inviolé et baigné par les vagues reflets de la lune. Un masque pur et blanc posé sur l’horreur du monde et que peut-être bientôt des gouttes de vie aux teintes pourpres et douloureuses souilleront. Le pont s’étire dans le silence des dernières heures de la nuit, paisible sous la valse des millions d’étoiles blanches qui s’affalent sur le sol dans un soupir.

Elle enjambe la barrière en écrasant ses mains sur le métal brouillé de givre qui dépose de fines morsures sur sa peau froide. La voilà au bord du vide, au bord de l’infini, encore en vie, à un pas de la mort. Prête pour le saut de l’ange. Sa dernière danse, elle l’accordera au vent. Son dernier sourire, lui, a été effacé depuis longtemps.

En contrebas, la rivière sanglote entre ses rochers acérés moulés de givre. Les arbres morts grelottent sous leur cape teintée d’argent et pleurent parfois une feuille rouge, pareille à une goutte de sang, qui coule lentement dans l’infini silence.

Un léger vertige l’étourdit, l’air froid hurle l’écho de sa tristesse. Puis un étrange brouillard éteint ses pensées, elle avance sans le vouloir, poussée dans le vide par la main glacée du destin.

Sous ses pieds, le monde s’écroule soudain. Tout tremble, la rivière devient floue, les berges disparaissent sous les vertiges. Un maigre rayon de lune transperce l’opaque atmosphère matinale, esquissant sur l’eau tremblante un long filet d’or.

Le corps fin tombe lentement dans l’au-delà, dans l’ailleurs inconnu, balancé dans les courants d’air rieurs. Les longs cheveux blonds dansent entre les flocons. Elle semble voler, la morsure du froid parsème ses joues d’éclats de framboise. Ange tombé du ciel, prête à rejoindre l’enfer, plus rien ne peut l’arrêter, la sauver, ou la consoler. Le ciel se dérobe sous ses pieds, elle ferme les yeux pour ne pas imaginer. Déjà presque morte, encore terriblement vivante, elle ne sent plus le froid, elle n’entend plus les voix.

Les secondes coulent doucement, lentes, précises, laissant filer un à un les mètres glacés qui la séparent du salut. Et toujours cette douleur qui découpe dans son cœur des lambeaux d’humanité. Puis la honte, qui vient s’y ajouter, et la peur qui se fait plus amère, plus horrifiante, et toujours incurable. Chaque couleur de ce morne tableau s’efface à ses yeux au profit de l’arc-en-ciel de sensations qui brûle sa peau.

Puis vient la fin. Un fracas indescriptible Une douleur éphémère, puis le vide devant l’éternel. Comme les branches sèches des arbres sous les baisers du vent, ses os se rompent dans un craquement aigu. Sa faible existence s’éteint comme une flamme tremblante dans les courants d’air. C’est une âme dans toute sa complexité, l’empreinte de milliards de pensées qui se fond dans l’infini et s’écoule lentement en suivant le courant des fins ruisseaux de sang qui souillent l’inoubliable pureté blanche. Morte dans cet hiver qu’elle a si souvent aimé, elle est lavée de ses hontes par les gouttes d’argent que pleure le ciel sur son dernier souffle.

Mot après mot...

Bienvenue dans mon monde, dans les délires de mon esprit, où entre coups de crayons et papier froissé tout est permis, tout est possible. 

Nouveau blog, nouvelle envole, nouveau passage secret vers les profondeurs (parfois un peu sombres...) de mon imagination.


Après des années de phrases gribouillées et de poèmes rêvés, j'ai décidé de sauter le pas et de partager avec l'infini et angoissant monde virtuel les pensées qui hantent mon esprit et mes cahiers. C'est un sentiment plutôt effrayant que celui de se mettre à nu ainsi face à un publique anonyme, invisible et inconnu... Mais j'espère que parmi la masse floue des lecteurs, certains d'entre vous partagerons mes sentiments et mes points de vue. Au final, l'écriture n'est qu'un cris silencieux que seuls recueillent les yeux et  les esprits...

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